Page:Dostoïevski - La logeuse, suivi de deux histoires (2e édition), 1920.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

Parfois il retombait dans sa torpeur et alors tout ce qui lui était arrivé, les derniers jours, repassait dans son esprit comme un tourbillon. Mais la vision se présentait à lui sous un aspect étrange et mystérieux.

Parfois, malade, il oubliait ce qui lui était arrivé, et s’étonnait de ne plus être dans son ancien logis, chez son ancienne propriétaire. Il était surpris que la vieille ne s’approchât pas comme elle le faisait toujours, à l’heure tardive, vers le poêle à demi éteint qui éclairait d’une lueur faible, vacillante, tout le coin sombre de la chambre, et qu’elle ne réchauffât pas, comme d’habitude, ses mains osseuses, tremblantes, au foyer mourant, tout en bavardant et marmottant quelque chose, avec un regard seulement de temps à autre, un regard étonné sur son étrange locataire qu’elle jugeait un peu fou à cause de ses longues lectures.

À d’autres moments, il se rappelait qu’il avait changé de logis, mais comment cela s’était-il fait ? Il ne le savait pas, bien que pour le comprendre il tendît obstinément, violemment, toutes les forces de son esprit… Mais, où, quoi, qu’appelait-il, qu’était-ce qui le tourmentait et jetait en lui cette flamme insupportable qui l’étouffait et brûlait son sang ? Cela, il lui était impossible de le savoir. De nouveau il ne se rappelait rien. Souvent il saisissait