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mouvement pour la retenir. Je vais revenir tout de suite ; tu auras tout le temps de me voir.

Une minute après, elle apporta du thé, le plaça sur la table et s’assit en face d’Ordynov.

– Tiens, bois, dit-elle. Eh bien ! Est-ce que la tête te fait mal ?

– Non, plus maintenant, dit-il. Je ne sais pas, peut-être me fait-elle mal. Je ne veux pas… Assez ! Assez ! Je ne sais pas ce que j’ai, dit-il, tout bouleversé, ayant enfin saisi la main de Catherine. Reste ici, ne t’en va pas. Donne-moi encore ta main… Mes yeux se voilent. Je te regarde comme le soleil, dit-il haletant d’enthousiasme, comme s’il arrachait ses paroles de son cœur, alors que des sanglots emplissaient sa gorge.

– Mon ami ! Tu n’as donc jamais vécu avec une brave créature ? Tu es seul, seul ; tu n’as pas de parents ?

– Non, personne. Je suis seul, je n’ai personne. Ah ! maintenant ça va mieux… Je me sens bien, maintenant, dit Ordynov en délire. Il voyait la chambre tourner autour de lui.

– Moi aussi, pendant plusieurs années je n’ai eu personne… Comme tu me regardes…, prononça-t-elle après un moment de silence.

– Eh bien !… quoi ?…