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comme pour le soulever de sa couche. Quelqu’un lui donna de l’eau… Puis il perdit connaissance.

Il s’éveilla le matin, à huit heures. Le soleil jetait ses rayons dorés à travers les vitres verdâtres, sales, de sa chambre. Une sensation douce enveloppait tous ses membres de malade. Il était calme, tranquille et infiniment heureux. Il lui semblait que quelqu’un était tout à l’heure à son chevet. Il s’éveilla en cherchant attentivement autour de lui cet être invisible. Il eût tant désiré pouvoir embrasser un ami et dire, pour la première fois : « Bonjour, bonjour, mon ami. »

– Comme tu as dormi longtemps ! prononça une douce voix de femme.

Ordynov se retourna. Le visage de sa belle logeuse, avec un sourire séduisant et clair comme le soleil, se penchait vers lui.

– Tu as été malade longtemps, dit-elle. C’est assez, lève-toi. Pourquoi te tourmentes-tu ainsi ? La liberté est plus douce que le pain, plus belle que le soleil. Lève-toi, mon ami, lève-toi…

Ordynov saisit sa main et la serra fortement. Il lui semblait encore rêver.

– Attends, je t’ai préparé du thé. Veux-tu du thé ? Prends, cela te fera du bien. J’ai été malade, moi aussi, et je sais.