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– Oui, depuis longtemps.

– Mon logeur est un bourgeois ?

– Bourgeois, s’il le dit.

– Qu’est-ce qu’il fait ?

– Il est malade, il vit, prie Dieu, voilà…

– C’est sa femme ?

– Quelle femme ?

– Celle qui vit avec lui.

– Sa femme, s’il le dit. Adieu, Monsieur.

Le Tatar toucha son bonnet et rentra chez lui.

Ordynov regagna son logis. La vieille, en marmonnant quelque chose, lui ouvrit la porte qu’elle referma au verrou et s’installa sur le poêle où elle terminait sa vie. La nuit tombait. Ordynov alla chercher de la lumière et remarqua que la porte de la chambre des maîtres était fermée à clé. Il appela la vieille qui, la tête appuyée sur son coude, le regardait fixement de dessus le poêle et semblait se demander ce qu’il pouvait bien faire près de la serrure de la chambre des maîtres. Sans lui rien dire elle lui jeta un paquet d’allumettes.

Il retourna dans sa chambre et, pour la centième fois peut-être, se mit à ranger ses effets et ses livres. Mais peu à peu, sans comprendre ce qui lui arrivait, il s’assit sur le banc, et il lui sembla qu’il s’endormait. Par moments, il revenait