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déjà plusieurs fois. Énervé, il jeta le livre et, de nouveau, essaya de mettre en place différents objets. Enfin il se coiffa, mit un manteau et sortit.

Dehors il flâna au hasard, sans voir le chemin qu’il suivait, s’efforçant tout le temps de concentrer autant que possible ses idées éparses et d’examiner un peu sa situation. Mais cet effort ne faisait que lui causer de la souffrance. Tour à tour, il avait froid et chaud, et, par moments, son cœur se mettait à battre si fort qu’il devait s’appuyer contre un mur. « Non, la mort est préférable, mieux vaut la mort », chuchota-t-il, la lèvre fiévreuse, tremblante, sans même penser à ce qu’il disait.

Il marcha très longtemps. Enfin s’apercevant qu’il était trempé jusqu’aux os et remarquant pour la première fois qu’il pleuvait à verse, il retourna à la maison.

Non loin de chez lui, il aperçut le portier. Il lui sembla que le Tatar le regardait fixement et avec une certaine curiosité, mais quand il se vit observé, il continua son chemin.

– Bonjour ! dit Ordynov en le rejoignant. Comment t’appelle-t-on ?

– Je suis portier, on m’appelle portier, répondit-il en découvrant ses dents.

– Tu es dans cette maison depuis longtemps ?