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Le cœur lui battait tellement que sa vue se brouillait et la tête lui tournait. Machinalement il se mit à ranger ses maigres effets dans son nouveau logement. Il ouvrit un paquet contenant différentes choses, puis une caisse de livres qu’il rangea sur la table, mais bientôt ce travail même lui pesa. À chaque instant brillait à ses yeux l’image de la femme dont la rencontre avait ému et secoué tout son être, et tant de foi, tant d’enthousiasme irrésistible entraient dans sa propre vie que ses pensées s’obscurcissaient et que son esprit sombrait dans l’angoisse et le tumulte.

Il prit son passeport et le porta au patron, dans l’espoir d’apercevoir la jeune femme. Mais Mourine entr’ouvrit à peine la porte, prit le papier, lui dit : « Bon, vis en paix », et referma la porte. Un sentiment désagréable s’empara d’Ordynov. Il ne savait pourquoi, mais la vue de ce vieillard l’oppressait. Dans son regard, il y avait quelque chose de méprisant