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— Non, dit-il, aujourd’hui je ne mangerai pas.

» Je lui préparai du thé ; ma vieille était très fatiguée. Ça ne va pas mieux. « Décidément, ça ne va pas », pensai-je.

» Le troisième jour, je suis allé chercher un médecin. J’avais un médecin, un certain Kostopravov, que je connaissais. Autrefois quand je travaillais chez les Bossomiaguine, j’avais fait sa connaissance. Il m’avait soigné. Le médecin vint, l’examina. « Oui », dit-il, « ça va mal. Ce n’était pas la peine de venir me chercher. Mais on peut tout de même lui donner une poudre… »

» Ma foi, je ne lui ai pas donné de poudre, et cependant on était déjà au cinquième jour.

» Il était couché là, devant moi, et touchait à sa fin. J’étais assis sur le rebord de la fenêtre, mon ouvrage à la main. La vieille allumait le poêle. Tous trois étions silencieux. Mon cœur se fendait en le regardant. C’était comme si j’enterrais mon propre fils. Je savais qu’il me regardait… Depuis le matin, je sentais qu’il voulait me dire quelque chose, mais n’osait pas… Enfin, moi aussi je le regarde. Je lis dans les yeux du malheureux une telle angoisse. Il ne me quitte pas des yeux. Mais quand il s’aperçut que je le regardai, il détourna son regard…

— Astafi Ivanovitch !