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la nuit. Pendant deux semaines, je n’entendis pas un mot de lui. Probablement que lui-même était tourmenté par la douleur, alors il cherchait à s’étourdir. Enfin, assez ; il cessa de boire. Il avait sans doute dépensé tout ce qu’il avait. De nouveau il s’installe sur le rebord de la fenêtre. Je me rappelle qu’il resta assis silencieux pendant trois jours entiers. Une fois, je regarde : il pleure. Oui, Monsieur, il pleure, et comment ! C’était comme une fontaine, Monsieur, comme si lui-même ne sentait pas couler ses larmes. Mais c’est pénible, Monsieur, de voir un homme âgé, un vieillard comme Emelian pleurer de douleur.

— Qu’as-tu, Emelian ? lui dis-je.

» Il tremblait de tout son, corps. Depuis l’histoire du pantalon, c’était la première fois que je lui adressais la parole.

— Rien, Astafi Ivanovitch.

— Dieu te garde, Emelian ! Que tout soit perdu, mais pourquoi restes-tu assis comme un hibou ?

» Il me faisait de la peine.

— Comme ça, Astafi Ivanovitch… Ce n’est pas ça… Je veux prendre un travail quelconque…

— Quel travail, Emelian Ilitch ?

— N’importe lequel. Peut-être trouverai-je un emploi quelconque, comme auparavant. Je