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mais moi, j’aurais donné beaucoup, si j’avais eu, pour que seulement tout cela n’arrivât pas…

« Monsieur, j’avais un pantalon : ah ! que le diable l’emporte ! un bon pantalon, bleu, à carreaux. C’était un propriétaire venu de province qui me l'avait commandé. Mais ensuite, il l’a refusé, sous prétexte qu’il était trop étroit, et il m’est resté pour compte. Je me disais : « Un objet de valeur ! Aux vieux habits on m’en donnerait peut-être cinq roubles ; en tout cas j’aurais de quoi faire deux pantalons pour des messieurs de Saint-Pétersbourg, et encore du reste pour le gilet. » Vous savez, pour les pauvres bougres comme nous, tout est bon ! Mais voilà qu’à cette époque, Emelian tomba dans une sorte de marasme, je regarde : Il ne boit pas un jour, deux jours ; le troisième, il est tout à fait anéanti. Ça fait pitié. Moi je pensais : « Eh bien ! mon cher, tu vas peut-être rentrer dans la voie du Seigneur ; tu as écouté la raison et dit : « Basta ! » Voilà, Monsieur, où nous en étions. Là-dessus, arriva une grande fête. Je suis allé aux vêpres. Quand je rentrai à la maison, je trouvai mon Emelian sur le rebord de la fenêtre, ivre-mort ; il est là et se dodeline : « Ah ! Ah ! » pensai-je. « Ça y est, mon garçon ! »

» Je suis allé chercher quelque chose dans le