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— Et pourquoi l’a-t-on appelé ?

— Ça, je n’en sais rien, Astafi Ivanovitch. Mais si on l’a appelé, c’est qu’il le fallait.

» Ah ! » pensai-je, nous sommes perdus ensemble, Emelian, C’est Dieu qui nous punit pour nos péchés. Que faire d’un être pareil ? »

» Seulement c’était un garçon rusé ! Il m’écoutait, mais à la fin cela finissait par l’assommer. Aussi, dès qu’il me voit de mauvaise humeur, il prend son pardessus et disparaît sans traces ! Toute la journée, il erre quelque part et rentre le soir complètement ivre. Qui lui donnait à boire, où prenait-il l’argent ? Dieu le sait. Ce n’est pas ma faute…

» Non », lui dis-je un jour, « Emelian Ilitch, assez boire, tu entends, assez ! Si tu rentres ivre encore une fois, tu passeras la nuit sur l’escalier. Je ne te laisserai pas entrer ! »

» Le lendemain, Emelian resta à la maison ; le surlendemain aussi. Mais le troisième jour, de nouveau il disparut. J’attends, j’attends, il ne rentre pas. À vrai dire, je commençais d’être inquiet et j’avais pitié de lui. « Qu’ai-je fait ? », pensai-je. « Je lui ai fait peur, et où est-il allé maintenant, le malheureux ! Il ne reviendra peut-être plus jamais. Oh ! mon Dieu ! »