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j’ai commencé par de bonnes paroles : « Tu vois, Emelian Ilitch, réfléchis un peu… Tu devrais faire quelque chose. Assez fainéanté. Regarde, tu es en loques… Ton paletot est comme une passoire… Il est temps de réagir, que diable ! »

» Emelian, assis, la tête penchée, m’écoute sans rien dire. Il ne sait même pas dire un mot raisonnable. Il m’écoute longtemps, longtemps, longtemps, ensuite il soupire.

— Qu’as-tu donc à soupirer ? lui demandai-je.

— Oh ! rien, Astafi Ivanovitch, ne vous inquiétez pas… Ah ! vous savez, Astafi Ivanovitch, aujourd’hui deux femmes se sont battues dans la rue. L’une d’elles avait renversé le panier de groseilles de l’autre, par hasard.

— Eh bien, quoi ?

— Alors l’autre, exprès, a renversé à son tour les groseilles de l’autre et ensuite s’est mise à les piétiner.

— Et après, Emelian Ilitch ?

— Mais c’est tout, Astafi Ivanovitch. Comme ça…

— Comme ça… mais c’est peu intéressant. « Ah ! pauvre Emelian », pensai-je.

— Il y a aussi un monsieur qui a laissé tomber un billet de banque sur le trottoir de