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ne regrettez pas votre propre bien ?

— Mais si, Astafi Ivanovitch. On aimerait mieux voir brûler les choses que de les laisser à un voleur. Vraiment on n’en a pas le désir…

— Quel désir ? Cependant, il y a voleur et voleur…

Ainsi, moi, Monsieur, il m’est arrivé de tomber sur un voleur honnête.

— Comment, honnête ! ? Un voleur peut-il être honnête ?

— Sans doute, Monsieur. Un voleur honnête, à vrai dire, il n’en existe pas… J’ai seulement voulu dire qu’il me semblait que c’était un honnête homme, et il a volé. On a eu pitié de lui.

— Et comment cela est-il arrivé ?

« C’était il y a deux ans, Monsieur. À cette époque, je suis resté sans place presque une année. Dans ma dernière place, je m’étais lié avec un malheureux, un homme déchu. Nous nous étions rencontrés dans un débit. C’était un ivrogne, un fainéant. Il avait servi quelque part, mais depuis longtemps on l’avait chassé, à cause de son ivrognerie. C’était un malheureux ! Il était vêtu Dieu sait comment. Parfois on se demandait s’il avait une chemise sous son paletot. Tout ce qui lui tombait sous la main, il le dépensait à boire. Mais il n’était pas tapageur. Il avait un