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cela était arrivé : qu’il était là et que sous ses yeux, à deux pas de lui, on avait volé le pardessus ; et que le voleur s’y était si bien pris qu’on n’avait pas même pu le rattraper. Ensuite il reprenait son ouvrage, qu’il quittait bientôt. Enfin il alla chez le portier recommencer son récit et lui reprocher que de pareilles choses puissent se passer dans sa cour. Après quoi il revint auprès d’Agrafena et, à son tour, la réprimanda. Puis, il se remit au travail en marmonnant entre ses dents comment tout cela était arrivé ; « Il était ici, moi là, et, sous mes yeux, à deux pas, il a pris le pardessus… », etc. En un mot, Astafi Ivanovitch était complètement bouleversé.

— On nous a bien roulés, Astafi Ivanovitch, lui dis-je, le soir, en lui donnant un verre de thé. Je désirais l’amener à redire encore l’histoire du pardessus volé, qui, d’avoir été si souvent répétée, et à cause de la sincérité profonde du narrateur, commençait à devenir très comique.

— On nous a roulés, Monsieur ! Je suis furieux, bien que ce ne soit pas mon paletot qu’il ait pris. Pour moi, il n’y a pas pire vipère que le voleur. Un autre prend à crédit, mais celui-ci vole ton travail, ta sueur, ton temps… La crapule ! Pfff ! Je ne veux plus y penser. Ça me met en rage… Comment, Monsieur ! Vous