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Cet état durait deux ou trois semaines et, pendant toute cette période, la cuisine était manquée, le linge se perdait, les planchers n’étaient pas lavés, en un mot tout allait de travers. J’avais remarqué depuis longtemps que cette femme taciturne ne pouvait pas prendre une décision, s’arrêter à une idée quelconque qui lui fût personnelle. Mais si dans sa faible cervelle se formait accidentellement quelque chose ressemblant à une idée, à une décision, y mettre obstacle c’était la tuer moralement, pour un certain temps. C’est pourquoi, aimant par dessus tout ma tranquillité, je consentis aussitôt.

— A-t-il au moins des papiers, un passeport, ou quelque chose ?

— Comment donc ! Sans doute il a tout. C’est un brave homme, qui a beaucoup vu. Il a promis de payer trois roubles.

Le lendemain, dans mon modeste logis de célibataire, parut un nouveau locataire. Je n’en étais pas fâché. J’étais même content. En général, je vis dans l’isolement, presque en reclus. J’ai peu de connaissances ; je sors rarement Depuis dix ans que je vis en ermite, je suis habitué à l’isolement ; mais dix, quinze ans et peut-être plus de la même solitude avec la même Agrafena,