Page:Dostoïevski - La logeuse, suivi de deux histoires (2e édition), 1920.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Mais qui le louera ?

— Qui le louera ? Un locataire, pardi.

— Mais, ma petite mère, dans ce coin, il n’y a pas même la place d’un lit ; qui pourrait vivre là ?

— Pourquoi y vivre ? Pourvu qu’il y ait une place pour dormir… Et il vivra sur le rebord de la fenêtre ?

— Quelle fenêtre ?

— Comment… Comme si vous ne le saviez pas. Celle de l’antichambre. Il s’installera là pour coudre ou faire quelque chose. Il s’assoira peut-être sur une chaise. Il a une chaise et même une table, tout.

— Mais quel est ce locataire ?

— Un brave homme. Un homme qui a beaucoup vu. Je lui préparerai ses repas et, pour le logis et la nourriture, je lui prendrai seulement trois roubles par mois…

Enfin, après de longs efforts, j’appris qu’un homme, déjà âgé, avait convaincu Agrafena de le laisser vivre dans la cuisine, comme locataire.

Quand Agrafena s’était mis en tête quelque chose, rien ne l’en pouvait déloger ; et je savais qu’elle ne me laisserait pas tranquille tant qu’elle n’aurait pas obtenu ce qu’elle voulait. Dès que quelque chose n’allait pas à sa guise, elle devenait pensive et profondément mélancolique.