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étaient vus ; mais, tout d’un coup, leur conversation, prit une tournure étrange. Iaroslav Ilitch se mit à parler de la fausseté des hommes, en général, de la fragilité des biens de ce monde, de la vanité des vanités. Avec une indifférence marquée, il parla de Pouchkine, et de certains bons amis communs, avec aigreur. Enfin il fit allusion à la fausseté de ceux qui se disent des amis alors que la véritable amitié n’existe pas et n’a jamais existé. En un mot Iaroslav Ilitch était devenu plus intelligent.

Ordynov n’objectait rien, mais une grande tristesse s’emparait de lui, comme s’il ensevelissait son meilleur ami…

– Ah ! Imaginez-vous… J’allais oublier de vous raconter… dit tout à coup Iaroslav Ilitch, comme s’il venait de se rappeler quelque chose de très intéressant. Il y a du nouveau ! Je vous le dis en secret… Rappelez-vous la maison où vous logiez.

Ordynov tressaillit et pâlit.

– Eh bien, imaginez-vous que, dernièrement, on a découvert dans cette maison une bande de voleurs… c’est-à-dire des contrebandiers, des escrocs de toutes sortes, le diable sait quoi ! On a arrêté les uns, on poursuit encore les autres… On a donné les ordres les plus sévères. Et, le croiriez-vous… Vous vous rappelez le propriétaire de la maison, un homme