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besoin de le savoir… Seulement, telle qu’elle est, elle est à moi. Je l’aime plus que ma vie et ne la donnerai à personne. Comprends-tu maintenant ?

Une flamme brilla pour un moment dans les yeux d’Ordynov.

– Mais pourquoi, moi… pourquoi suis-je comme si j’avais perdu la vie ? Pourquoi mon cœur souffre-t-il ? Pourquoi ai-je connu Catherine ?

– Pourquoi ? Mourine sourit et devint pensif. Pourquoi, je ne le sais pas, prononça-t-il enfin. Les femmes, ce n’est pas l’abîme de la mer… On peut finir par les comprendre… Mais elles sont rusées. C’est vrai, Monsieur, qu’elle a voulu me quitter pour aller avec vous, continua-t-il pensif. Elle en avait assez du vieux… Elle a pris de lui tout ce qu’elle a pu prendre !… Vous lui avez plu beaucoup tout de suite. Mais, vous ou un autre… Moi, je ne la contredis en rien… Si elle m’avait demandé du lait d’oiseau, je lui en aurais procuré… J’aurais fabriqué moi-même un oiseau donnant du lait, s’il n’en existe pas de pareil… Elle est vaniteuse, elle rêve de liberté, mais elle ne sait pas elle-même de quoi son cœur souffre… Il vaut mieux que les choses restent ce qu’elles sont… Hé ! Monsieur,