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qui commençait à faire cercle autour de lui, ni aux appels et aux questions de ceux qui l’entouraient. Mais soudain, parmi les voix, Ordynov perçut celle de Mourine. Il leva la tête. Le vieux, avec peine, s’était frayé un chemin jusqu’à lui. Son visage pâle était grave et pensif. Ce n’était déjà plus l’homme qui se moquait grossièrement de lui chez Iaroslav Ilitch. Ordynov se leva. Mourine le prit sous le bras et le fit sortir de la foule…

– Tu as besoin de prendre tes effets, dit-il en regardant de côté Ordynov. Ne t’attriste pas, Monsieur, s’écria-t-il ensuite… Tu es jeune, il ne faut pas désespérer…

Ordynov ne répondit pas.

– Tu es offensé, Monsieur ? Tu es évidemment très fâché… Mais tu as tort… Chacun doit garder son bien…

– Je ne vous connais pas, dit Ordynov, et je ne veux pas connaître vos secrets… Mais elle, elle !… prononça-t-il, et des larmes abondantes coulèrent de ses yeux. Il les essuya avec sa main. Son geste, son regard, le tremblement de ses lèvres bleuies, tout faisait pressentir en lui la folie.

– Je te l’ai dit, répondit Mourine en fronçant les sourcils. Elle est folle… Pourquoi et comment est-elle devenue folle, tu n’as nul