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s’anima à la question de Iaroslav Ilitch. Moi, Monsieur, dans ma sottise de paysan, voici ce que je dirai, continua-t-il en s’avançant d’un pas. Vous lisez trop de livres, Monsieur. Je dirai que vous êtes devenu trop intelligent. Comme on dit chez nous : paysans, votre esprit a dépassé la raison…

– Assez ! interrompit sévèrement Iaroslav Ilitch.

– Je m’en vais, dit Ordynov. Je vous remercie, Iaroslav Ilitch. Je viendrai vous voir sans faute, promit-il en réponse à l’invitation de Iaroslav Ilitch, qui ne pouvait le retenir davantage. Adieu, adieu !

– Adieu, Votre Seigneurie ! Adieu, Monsieur !… Ne m’oubliez pas… Venez quelquefois nous voir…

Ordynov n’en écouta pas davantage. Il sortit comme un fou.

Il n’en pouvait plus. Il était comme mort. Sa conscience se figeait. Il sentait sourdement que le mal l’étouffait. Mais un désespoir glacial envahissait son âme, et il ne ressentait plus qu’une douleur sourde qui l’étouffait et lui déchirait la poitrine. À ce moment il eût voulu mourir. Ses jambes fléchissaient sous lui, et il s’assit près d’une palissade sans faire attention, ni aux gens qui passaient, ni à la foule