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il à Ordynov. Je n’aurais rien contre cela… Mais ma femme est malade. Ah ! si je n’avais pas ma femme ! Si j’étais seul ! Comme je vous aurais soigné ! Je vous aurais guéri ! Je connais des remèdes… Vraiment, peut-être resterez-vous quand même un jour de plus chez nous…

– En effet, n’y aurait-il pas un remède quelconque ? commença Iaroslav Ilitch. Mais il n’acheva pas.

Ordynov, furieux, étonné, regardait Iaroslav Ilitch des pieds à la tête… Sans doute c’était l’homme le plus honnête et le plus noble, mais, maintenant, il comprenait tout. Il faut avouer que sa situation était difficile. Il voulait, comme on dit, éclater de rire. En tête à tête avec Ordynov – deux amis pareils – sans doute, Iaroslav Ilitch n’y eût pu tenir et aurait été pris d’un accès de gaîté immodéré. En tout cas c’eût été fait noblement, et, le rire éteint, il aurait serré cordialement la main d’Ordynov. Il se serait efforcé de le convaincre sincèrement que le respect qu’il a pour lui en est augmenté et, qu’en tout cas, il l’excuse ; car, somme toute, c’est la jeunesse… Mais, vu sa délicatesse, il se trouvait maintenant dans une situation très embarrassante : il ne savait où se mettre.

– Le remède ? dit Mourine, dont tout le visage