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Seigneurie, moi et la patronne, nous prions Dieu pour vous, commença Mourine en s’adressant à Ordynov, tandis que Iaroslav Ilitch, ayant enfin dominé son trouble, le regardait fixement. Mais vous le savez vous-même, Monsieur, c’est une femme malade, sotte… moi, je me tiens à peine…

– Mais je suis prêt, dit Ordynov impatient. Assez, je vous prie… Tout de suite même, si vous voulez…

– Non, Monsieur. Nous sommes très contents de vous. Mourine s’inclina très bas. Moi, Monsieur, je voulais vous dire tout de suite la chose : elle, Monsieur, elle est presque une parente… c’est-à-dire une parente éloignée… Elle est ainsi depuis l’enfance… Une tête exaltée… Elle a grandi dans la forêt, comme une paysanne, parmi les haleurs et les ouvriers d’usine et voilà… tout d’un coup leur maison a brûlé… Sa mère a péri dans l’incendie, son père aussi, soi-disant… Et elle vous racontera des histoires… Moi je ne m’en mêle pas… Mais je dois vous dire que des médecins de Moscou l’ont examinée, c’est-à-dire, Monsieur, qu’elle est complètement folle. Voilà ! Moi seul suis avec elle, et elle avec moi. Nous vivons, prions Dieu… et espérons. Mais je ne la contredis jamais…

Ordynov avait le visage tout bouleversé. Iaroslav