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thé, s’il vous plaît… Qui est de service ?… Je suis sûr que vous ne refuserez pas un autre verre de thé ? Mourine fit signe de la tête qu’il ne refusait pas.

Iaroslav Ilitch commanda au policier qui venait d’entrer, sur un ton des plus sévères, trois verres de thé, et, ensuite, vint s’asseoir près d’Ordynov. Pendant quelques minutes il ne cessa de tourner la tête comme un petit chat de faïence, tantôt à droite, tantôt à gauche, de Mourine vers Ordynov et d’Ordynov vers Mourine. Sa situation était excessivement désagréable. Évidemment il voulait dire quelque chose, selon lui quelque chose de très délicat, au moins pour l’un des deux, mais, malgré tous ses efforts, il lui était impossible de prononcer un mot…

Ordynov aussi avait l’air gêné. À un moment tous deux commencèrent à parler en même temps… Le taciturne Mourine, qui les observait avec curiosité, lentement ouvrit la bouche, laissant voir toutes ses dents…

– Je suis venu vous dire, commença Ordynov, que, par suite de circonstances très désagréables, je me vois forcé de quitter votre appartement et…

– Comme c’est bizarre !… l’interrompit tout d’un coup Iaroslav Ilitch. J’étais hors de moi d’étonnement quand ce respectable vieillard