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tant qu’il pouvait, et même avec une certaine fanfaronnade.

Ordynov entra enfin dans la chambre. Il jeta un regard furtif sur Mourine. Quelque chose rappelant le méchant sourire de la veille, dont le souvenir faisait frissonner et indignait encore Ordynov, glissa sur le visage du vieillard. D’ailleurs, toute hostilité avait disparu et le visage avait repris son expression la plus calme et la plus impénétrable. Il salua très bas son locataire…

Toute cette scène réveilla enfin la conscience d’Ordynov. Il regarda fixement Iaroslav Ilitch, désirant lui faire bien comprendre l’importance de la situation. Iaroslav Ilitch s’agitait et se sentait gêné.

– Entrez, entrez donc, prononça-t-il enfin. Entrez, mon cher Vassili Mihaïlovitch. Faites-moi la joie de votre visite et honorez de votre présence tous ces objets si ordinaires… Et, de la main, Iaroslav Ilitch indiquait un coin de la chambre. Il était rouge comme une pivoine, et si troublé, si gêné, que la phrase pompeuse s’arrêta court, et, avec fracas, il avança une chaise au milieu de la chambre.

– Je ne vous dérange pas, Iaroslav Ilitch ? Je voulais… deux minutes seulement…

– Que dites-vous là ? Vous, me déranger, Vassili Mihaïlovitch ? Mais, veuillez accepter du