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elle avait peur de respirer et qu’elle retenait son cœur embrasé… Et il y avait tant d’admiration amoureuse dans tout son être, que le désespoir, la rage et la colère saisirent soudain Ordynov.

– Catherine ! Catherine ! l’appela-t-il, en lui serrant brutalement la main.

La douleur ressentie se refléta sur son visage. Elle tourna la tête et regarda Ordynov avec tant de raillerie et de mépris, qu’il sentit ses jambes fléchir sous lui. Ensuite elle lui indiqua le vieillard endormi, et, de nouveau, le regarda d’un air froid et méprisant.

– Quoi ? Il te tuera !… prononça Ordynov, plein de rage.

Un démon, semblait-il, lui chuchotait à l’oreille qu’il l’avait comprise.

– Je t’achèterai à ton maître, ma belle, si tu as besoin de mon âme ! Il ne te tuera pas…

Le sourire silencieux qui glaçait Ordynov ne quittait pas le visage de Catherine. Sans savoir ce qu’il faisait, à tâtons, il décrocha du mur un couteau précieux appartenant au vieillard. L’étonnement parut sur le visage de Catherine, mais, en même temps, la colère et le mépris se reflétèrent dans ses yeux avec une intensité redoublée. Ordynov avait mal en la regardant… Une force