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dans sa recherche, quand, peu à peu, il se sentit envahi par des sensations neuves, presque inconnues. D’abord distraitement, négligemment, ensuite avec une vive attention, il regarda autour de lui. La foule et la vie de la rue, le bruit, le mouvement, la nouveauté des choses, toute cette activité, ce train-train de la vie courante qui ennuie depuis longtemps le Pétersbourgeois affairé, surmené, qui, toute sa vie, cherche en vain, et avec une dépense énorme d’énergie, la possibilité de trouver le calme, le repos dans un nid chaud acquis par son travail, son service ou d’autres moyens – toute cette prose, terre à terre, éveillait en Ordynov, au contraire, une sensation douce, joyeuse, presque enthousiaste. Ses joues pâles se couvrirent d’un léger incarnat, ses yeux brillèrent d’une nouvelle espérance, et, avec avidité, à larges bouffées, il aspira l’air froid et frais. Il se sentait extraordinairement léger.

Il avait toujours mené une vie calme, solitaire. Trois ans auparavant, il avait obtenu un grade scientifique et, devenu libre autant que possible, il était allé chez un vieillard que, jusqu’alors, il ne connaissait que de nom. Là on l’avait fait attendre longtemps, jusqu’à ce que le valet de pied en livrée eût daigné l’annoncer pour la deuxième fois. Enfin, il avait été