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perles. Le bout de sa tresse, enroulée trois fois autour de sa tête, tombait négligemment sur l’oreille gauche ; une sueur légère perlait à ses tempes.

– Ici, dans ma main, mon ami, lis, avant que ton esprit ne soit obscurci. Voici ma main blanche ! Ce n’est pas en vain que les hommes de chez nous t’appelaient le sorcier. Tu as appris dans les livres et tu connais tous les signes magiques ! Regarde, vieillard, et dis-moi mon triste sort. Seulement, prends garde, ne mens pas ! Eh bien, dis, est-ce que ta fille sera heureuse ? Ou ne lui pardonneras-tu pas et appelleras-tu sur elle le mauvais sort ? Aurais-je mon coin chaud où je vivrai heureuse, ou, comme un oiseau migrateur, chercherai-je une place toute ma vie parmi les braves gens ? Dis-moi quel est mon ennemi, et qui m’aime et qui prépare contre moi le mal ?… Dis, est-ce que mon jeune cœur ardent vivra longtemps seul, ou trouvera-t-il celui à l’unisson duquel il battra pour la joie, jusqu’au nouveau malheur ?… Devine dans quel ciel bleu, au delà de quelle mer, et dans quelle forêt habite mon faucon… M’attend-il avec impatience, m’aime-t-il beaucoup, cessera-t-il bientôt de m’aimer ?… Me trompera-t-il ou non ? Et dis-moi, en même temps, dis-moi pour la dernière fois, vieillard, si nous resterons ensemble longtemps