Page:Dostoïevski - La logeuse, suivi de deux histoires (2e édition), 1920.djvu/113

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle regarda le vieillard et Ordynov.

– Alors, qui de nous est cher à qui ? dit-elle. Si quelqu’un n’a pas de sympathie pour l’autre, celui-là m’est cher et il boira sa coupe avec moi… Quant à moi, vous m’êtes chers tous deux, comme des proches. Alors buvons ensemble pour l’amour et pour la paix !…

– Buvons et noyons dans le vin les pensées sombres, dit le vieillard d’une voix altérée. Verse, Catherine !

– Et toi… Veux-tu que je te verse ?… demanda Catherine en regardant Ordynov.

Sans mot dire, Ordynov avança sa coupe.

– Attends… Si quelqu’un a un désir quelconque, qu’il soit réalisé ! prononça le vieillard en levant sa coupe.

Ils choquèrent leurs coupes et burent.

– Allons, maintenant buvons tous deux, vieillard, dit Catherine en s’adressant au maître. Buvons si ton cœur est tendre pour moi ! Buvons au bonheur vécu ; saluons les années passées ; saluons le bonheur et l’amour ! Ordonne donc de verser si ton cœur brûle pour moi !…

– Ton vin est fort, ma belle, mais toi, tu ne fais qu’y tremper les lèvres, dit le vieux en riant et tendant de nouveau sa coupe.

– Eh bien, je boirai un peu, et toi, vide ta coupe jusqu’au fond. Pourquoi vivre avec de tristes