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Je suis coupable envers toi, Seigneur… Je t’ai offensé récemment quand j’ai joué avec le fusil… Mais qui savait que tu as, toi aussi, des crises d’épilepsie… Avec moi cela arrive… ajouta-t-il d’une voix rauque, maladive, en fronçant les sourcils et détournant les yeux. Le malheur vient sans frapper à la porte et s’introduit comme un voleur. J’ai même failli lui planter un couteau dans la poitrine à elle, ajouta-t-il en faisant un signe de tête dans la direction de Catherine… Je suis malade et la crise vient souvent… Assieds-toi ; tu es le bienvenu !

Ordynov le regardait toujours, fixement.

– Assieds-toi donc ! Assieds-toi ! s’écria le vieux d’une voix impatiente. Assieds-toi, puisque cela lui convient, à elle. Vous vous plaisez comme si vous étiez amants…

Ordynov s’assit.

– Vois-tu quelle sœur tu as ! continua le vieillard en riant et laissant voir deux rangées de dents blanches, saines. Amusez-vous, mes amis ! Eh bien, Monsieur ! ta sœur est-elle jolie ?… Dis, réponds… Regarde comme ses joues brillent. Mais regarde donc ! Admire la belle… Fais voir que ton cœur souffre…

Ordynov fronça les sourcils et regarda le vieillard avec colère. Celui-ci tressaillit sous ce regard. Une rage aveugle bouillonnait dans la poitrine