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clair comme le soleil, brilla le sourire de sa belle logeuse. À ce moment il ne vit et n’entendit qu’elle. Instantanément, toute sa vie, toute sa joie, se fondirent dans son cœur en l’image claire de Catherine.

– Deux aurores ont passé depuis que nous nous sommes vus, dit-elle en lui serrant la main. La seconde, à présent, s’éteint. Regarde par la fenêtre… Ce sont comme les deux aurores de l’amour d’une jeune fille, ajouta en souriant Catherine : La première empourpre son visage sous le coup de la première honte, lorsque son cœur solitaire se met à battre pour la première fois ; et la seconde, lorsque la jeune fille oublie sa première honte, brûle comme la flamme, oppresse sa poitrine et fait monter à ses joues le sang vermeil… Entre, entre dans notre maison, bon jeune homme. Pourquoi restes-tu sur le seuil ? Sois le bienvenu, le maître te salue…

Avec un rire sonore comme une musique elle prit la main d’Ordynov et l’introduisit dans la chambre. La timidité s’emparait de son cœur. Toute la flamme qui incendiait sa poitrine tout d’un coup paraissait s’éteindre. Confus, il baissa les yeux. Il avait peur de la regarder. Elle était si merveilleusement belle qu’il craignait que son cœur ne pût supporter son regard brûlant. Jamais encore il n’avait vu Catherine ainsi. Le rire et la gaîté pour la première fois éclairaient son visage et avaient séché les tristes larmes sur ses cils noirs. Sa main tremblait dans la sienne et, s’il avait levé les yeux, il aurait vu que Catherine, avec un sourire triomphant, fixait ses yeux clairs sur son visage assombri par le trouble et la passion.

– Lève-toi donc, vieillard ! dit-elle enfin. Prononce