ments en ce qui te concerne, et tantôt j’ai pu contrôler ses dires par mes propres yeux, quand tu étais assis à côté de celle-là au Waux-Hall. Hier et aujourd’hui, elle m’a juré que tu étais amoureux comme un chat d’Aglaé Épantchine. Moi, cela m’est égal, prince, et ce n’est pas mon affaire : si tu ne l’aimes plus, elle t’aime encore. Tu sais qu’elle veut absolument te marier à celle-là, elle a juré de faire ce mariage, hé, hé ! Elle me dit : « Je ne t’épouserai pas avant ; nous irons à l’église quand ils y seront allés. » Je ne puis rien comprendre à cela : ou elle t’aime d’un amour sans bornes, ou… si elle t’aime, pourquoi donc veut-elle te marier à une autre ? Elle dit : « Je veux le voir heureux », par conséquent, elle t’aime.
— Je t’ai dit et écrit qu’elle… n’a plus sa tête, répondit le prince qui, en entendant les paroles de Rogojine, avait cruellement souffert.
— Dieu le sait ! C’est peut-être toi qui te trompes… du reste, aujourd’hui, lorsque je l’ai ramenée du Waux-Hall, elle m’a fixé le jour : dans trois semaines et peut-être même plus tôt, m’a-t-elle dit, nous irons pour sûr sous la couronne ; elle l’a juré en baisant son obraz. Ainsi, prince, pour toi maintenant ça y est, hé, hé !
— Tout cela est insensé ! Pour ce qui me concerne, ce que tu dis n’arrivera jamais, jamais ! Demain j’irai chez vous…
— Elle est folle, dis-tu ? remarqua Rogojine : — comment donc se fait-il que pour tous les autres elle jouisse de sa raison et que toi seul la considères comme une aliénée ? Comment donc écrit-elle là ? Si elle était folle, on le verrait bien par ses lettres.
— Quelles lettres ? demanda anxieusement le prince.
— Elle écrit là, à celle-là, qui lit ses lettres. Est-ce que tu ne le sais pas ? Eh bien, tu le sauras, elle-même te montrera certainement cette correspondance.
— Il est impossible de croire cela ! s’écria le prince.
— Eh ! Mais toi, Léon Nikolaïtch, tu ne connais pas encore bien ce chemin, à ce que je vois, tu viens seulement d’y