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Du moins, lorsque, quelques heures après, la porte s’ouvrit, ceux qui entrèrent dans la chambre trouvèrent l’assassin complètement privé de connaissance et en proie à une fièvre ardente. À côté de lui était assis sur le lit Léon Nikolaïévitch, immobile et silencieux. Chaque fois que le malade commençait à délirer et à pousser des cris, le prince, aussitôt, lui passait sa main tremblante sur les cheveux et sur les joues pour le faire taire par cette caresse. Mais il ne comprenait rien aux questions qui lui étaient adressées, et ne reconnaissait pas les personnes qui l’entouraient. Et si Schneider lui-même avait vu en ce moment son ancien pensionnaire, se rappelant l’état dans lequel le prince s’était parfois trouvé pendant la première année de son traitement en Suisse, le docteur aurait maintenant encore prononcé sur lui, avec un geste de découragement, le mot qu’il disait alors : « Idiot ! »


XII

CONCLUSION.

S’étant rendue précipitamment à Pavlovsk, l’outchitelcha courut droit chez Daria Alexievna. Celle-ci, déjà toute bouleversée depuis la veille, fut prise d’une véritable épouvante en entendant le récit de la visiteuse. Les deux dames résolurent aussitôt de se mettre en rapport avec Lébédeff, qui, en sa double qualité de propriétaire et d’ami du prince, était, lui aussi, fort agité. Viéra Loukianovna raconta tout ce qu’elle savait. Sur le conseil de Lébédeff, on décida qu’on irait tous trois à Pétersbourg pour prévenir au plus tôt « ce qui pouvait fort bien arriver ». La conséquence fut que le lendemain, vers onze heures du matin, la police se transporta à la demeure de Rogojine avec Lébédeff, les dames et le frère de Rogojine, Sémen Séménovitch, qui habitait dans le pavillon. Le dvornik fournit un renseignement précieux : il dé-