Le prince fronça le sourcil et garda le silence pendant une minute.
— Vraiment, Lébédeff, je quitterai votre maison, dit-il tout à coup. — Où sont Gabriel Ardalionovitch et les Ptitzine ? Chez vous ? Vous les avez aussi fait entrer chez vous ?
— Ils vont venir, ils vont venir. Et même le général les suivra. J’ouvrirai toutes les portes et j’appellerai toutes mes filles, toutes, à l’instant, à l’instant, fit à voix basse Lébédeff effrayé, et il courut d’une porte à l’autre en agitant les bras.
Kolia se montra en ce moment sur la terrasse ; il arrivait du dehors et il annonça qu’Élisabeth Prokofievna le suivait, accompagnée de ses trois filles.
Ému de cette nouvelle, Lébédeff s’approcha vivement du prince.
— Faut-il ou non faire entrer les Ptitzine et Gabriel Ardalionovitch ? Faut-il introduire le général ? demanda-t-il.
— Pourquoi pas ? Tous ceux qui veulent me voir ! Je vous assure, Lébédeff, que dès le début vous avez mal compris ma situation ; vous êtes dans une erreur continuelle. Je n’ai pas le plus petit motif pour me cacher à qui que ce soit, répondit gaiement le prince.
En le voyant rire, Lébédeff crut devoir rire aussi. Quoique extrêmement agité, l’employé éprouvait une satisfaction visible.
Kolia avait dit vrai : il précédait seulement de quelques pas les dames Épantchine. Tandis qu’elles arrivaient de la terrasse, d’autres visiteurs qui se trouvaient déjà dans la maison, mais chez Lébédeff, firent aussi leur apparition : c’étaient les Ptitzine, Gania et Ardalion Alexandrovitch.
Il n’y avait qu’un instant que la famille Épantchine avait appris, par Kolia, la maladie du prince et son installation à la campagne. Jusqu’alors la générale était restée dans une pénible incertitude. L’avant-veille, Ivan Fédorovitch avait communiqué aux siens la carte du prince et il n’en avait