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lumière se fit tout entière, grâce à une heureuse circonstance.

Après avoir promis d’être à la Balance pour quatre heures, Kolia Ivolguine s’élait néanmoins rendu à Pavlovsk ; mais il refusa de dîner chez la générale Épantchine, et, revenu à Pétersbourg, se hâta d’aller à la Balance, où il arriva vers sept heures du soir. Le mot laissé par le prince lui ayant appris que ce dernier était en ville, il courut immédiatement à l’adresse indiquée sur le billet. Lorsqu’on lui eut dit, à l’hôtel, que le prince était sorti, Kolia descendit au buffet, où il attendit le retour de Muichkine en prenant du thé et en écoutant jouer de l’orgue. Sur ces entrefaites, le hasard voulut qu’il entendit parler autour de lui d’une attaque survenue à quelqu’un ; mû par un pressentiment, il alla aussitôt à l’endroit où se trouvait le malade, et il reconnut le prince. Sur-le-champ furent prises les mesures nécessaires. On transporta le prince dans sa chambre. Il revint à lui, mais il fut assez longtemps sans recouvrer toute sa connaissance. Le docteur appelé pour examiner les plaies de la tête prescrivit une fomentation et déclara que ces contusions n’avaient absolument rien de dangereux. Une heure après, le prince commençant à avoir une conscience assez nette de ce qui l’entourait ; Kolia le fit monter en voiture et l’emmena chez Lébédeff. L’employé reçut le malade avec les plus grandes démonstrations de dévouement et de respect. Il hâta même à cause de lui le départ pour la campagne ; le surlendemain, tout le monde se rendit à Pavlovsk.

VI

La villa de Lébédeff était petite, mais commode et même jolie. La partie destinée à être mise en location avait été ornée avec un soin particulier. Sur la terrasse assez vaste