sion bienveillante, le sourire affable qu’il avait en ce moment sur les lèvres jurait avec l’ensemble de sa physionomie.
— Alors tu vas retourner à l’étranger ? demanda-t-il, puis tout à coup il ajouta : — Te rappelles-tu notre voyage en wagon de Pskoff à Pétersbourg, l’automne dernier ? Tu te souviens de ton manteau et de tes guêtres ?
Et Parfène Séménitch éclata soudain d’un rire cette fois franchement haineux ; on aurait dit qu’il était bien aise de donner ainsi une issue à sa colère.
— Tu t’es fixé ici définitivement ? interrogea le prince en parcourant des yeux le cabinet.
— Oui, je suis chez moi. Où veux-tu donc que j’habite ?
— Nous ne nous étions pas vus depuis longtemps. J’ai entendu raconter à ton sujet d’étranges choses.
— Qu’est-ce qu’on ne raconte pas ? répliqua sèchement Rogojine.
— Pourtant tu as licencié toute ta bande, tu restes dans la maison paternelle, tu ne fais pas de fredaines. C’est bien. La maison est-elle à toi ou vous appartient-elle en commun ?
— Elle est à ma mère. Le corridor sépare son appartement du mien.
— Et où loge ton frère ?
— Mon frère Sémen Séménitch habite dans le pavillon.
— il est marié ?
— il est veuf. Pourquoi tiens-tu à savoir cela ?
Le prince le regarda sans répondre ; il était devenu soudain pensif et probablement n’avait pas entendu la question de Rogojine. Celui-ci ne la renouvela pas et attendit. Il y eut un silence.
— Tout à l’heure, étant encore à cent pas de cette maison, j’ai deviné que c’était la tienne, dit le prince.
— Comment cela ?
— Je ne le sais pas bien. Ta maison a la physionomie de toute votre famille ; les Rogojine, en y habitant, semblent l’avoir marquée de leur empreinte ; mais si tu me demandes comment je suis arrivé à cette conclusion, je ne puis te