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son compte. Mais si elle venait pour nous inviter, pourquoi a-t-elle commencé par en user ainsi avec maman ? Ptitzine la connaît très-bien, il dit n’avoir rien compris à sa conduite de tantôt. Et avec Rogojine ? On ne peut pas, quand on se respecte, avoir une conversation pareille dans la maison de son… Maman est fort inquiète aussi à votre sujet…

— Il n’y a pas de quoi ! fit le prince en agitant le bras.

— Et comme elle s’est montrée docile avec vous !…

— Docile ? Comment ?

— Vous lui avez dit que c’était une honte pour elle d’être ainsi, et immédiatement elle est devenue tout autre. Vous avez de l’influence sur elle, prince, ajouta Varia avec un léger sourire.

La porte s’ouvrit et, à la grande surprise des deux interlocuteurs, entra Gabriel Ardalionovitch.

La présence de sa sœur ne le déconcerta même pas ; pendant quelque temps il resta debout sur le seuil ; puis, résolument, il s’avança vers le prince.

— Prince, j’ai commis une lâcheté, pardonnez-moi, cher, dit-il tout à coup d’un ton pénétré. Les traits de son visage exprimaient une violente souffrance. Le prince le considéra avec étonnement et ne répondit pas tout de suite. — Eh bien, pardonnez-moi ! eh bien, pardonnez-moi donc ! supplia instamment Gania : — allons, si vous voulez, je vais vous baiser la main !

Profondément remué, Muichkine, sans dire un mot, ouvrit ses bras à Gania. Un baiser sincère scella leur réconciliation.

— J’étais bien loin de vous croire tel, observa enfin le prince, qui respirait avec effort : — je pensais que vous… en étiez incapable.

— Incapable de reconnaître mes torts !… Et où avais-je pris tantôt que vous étiez un idiot ? Vous remarquez ce que les autres ne remarquent jamais. Avec vous on pourrait causer, mais… il vaut mieux ne rien dire !

— Il y a encore quelqu’un devant qui vous devez vous avouer coupable, dit le prince en montrant Varia.