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comique cette sortie imprévue. Des rires se firent entendre.

— Qu’est-ce qu’il a encore, celui-là ? ricana Rogojine : — viens avec moi, vieux, je te payerai à boire !

— C’est lâche ! protesta Kolia, qui pleurait de honte et d’indignation.

— Mais se peut-il qu’il ne se trouve parmi vous personne pour expulser d’ici cette déhontée ! s’écria brusquement Varia, toute tremblante de colère.

— C’est moi qu’on appelle une déhontée ! fit avec une gaieté méprisante Nastasia Philippovna : — et moi, comme une sotte, j’étais venue les inviter à ma soirée ! Voilà comme votre sœur me traite, Gabriel Ardalionovitch !

Devant l’emportement de sa sœur, Gania était d’abord demeuré anéanti, mais voyant que cette fois Nastasia Philippovna s’en allait bel et bien, il s’élança comme un forcené sur Varia, qu’il saisit violemment par la main.

— Qu’est-ce que tu as fait ? hurla-t-il en la regardant comme s’il eût voulu la foudroyer sur place. Il était décidément hors de lui et incapable de raisonner.

— Qu’est-ce que j’ai fait ? Où me traînes-tu ? Tu veux peut-être que j’aille lui demander pardon parce qu’elle a insulté ta mère et qu’elle est venue déshonorer ta maison, homme bas ? riposta Varia, qui regardait son frère avec une expression de défi superbe.

Pendant quelques instants tous deux restèrent ainsi en face l’un de l’autre. Gania tenait toujours la main de sa sœur dans la sienne. À deux reprises Varia essaya de se dégager, mais elle n’y put réussir et tout à coup, devenue furieuse elle cracha au visage de son frère.

— Voilà une gaillarde ! cria Nastasia Philippovna. — Bravo, Ptitzine ! je vous félicite.

Un nuage se répandit sur les yeux de Gania ; ne se connaissant plus, le jeune homme leva la main sur sa sœur. Mais au moment où cette main allait s’abattre sur le visage de Varia, un autre bras arrêta tout à coup celui de Gania.

Entre lui et la jeune fille venait de se jeter le prince.