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Jouant des coudes, je pris place au premier rang et mon regard tomba sur une beauté splendide, à l’aurore de son printemps. Elle était cependant pâle et triste. Son regard distrait errait sur l’entourage et il me sembla que ses yeux étaient rouges de pleurs. La pureté antique de ses traits donnait à sa beauté un aspect indiciblement solennel. Mais perçant à travers cette sévérité et cette tristesse, quelque chose d’enfantin et d’infiniment naïf semblait demander grâce.

Ce regard ayant réveillé en moi des souvenirs imprécis je me promettais déjà de rechercher qui était le fiancé, quand soudain je reconnus en celui-ci le brave Julian Mastakovitch que je n’avais pas revu depuis cinq ans. Puis mon regard retourna vers la jeune fille et…

Mon Dieu… sans chercher à voir davantage je me précipitai vers la sortie, poursuivi par le vague murmure de la foule entassée.