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rait vu sur ses traits l’expression du plus profond désespoir.

— Je n’irai pas, dit-elle énergiquement et gravement.

— Voilà, vous voyez… tout à fait sa maman !

— Je ne suis pas comme maman ! je ne suis pas comme maman ! — cria Lisa, en tordant désespérément ses petites mains, comme si elle se défendait du reproche de ressembler à sa mère. — Papa, papa, si vous m’abandonnez…

Tout à coup elle se retourna vers Veltchaninov, qui fut terrifié :

— Et vous, si vous m’emmenez, je…

Elle ne put en dire davantage ; Pavel Pavlovitch l’avait saisie par la main, et, brutalement, avec colère, la traînait vers la chambrette. Il sortit de là, pendant quelques minutes, des chuchotements et des sanglots étouffés. Veltchaninov allait y pénétrer lui-même, lorsque Pavel Pavlovitch revint, et lui dit avec un sourire contraint qu’elle serait tout de suite prête à partir. Veltchaninov fit effort pour ne pas le regarder, et détourna les yeux.

Maria Sysoevna entra : c’était la femme qu’il avait croisée dans le corridor. Elle apportait du linge, qu’elle disposa dans un joli petit sac, pour Lisa.