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lant Semen Semenovitch ? Et nos lectures du soir, à trois ? Et notre première entrevue, lorsque vous êtes venu chez moi, un matin, me consulter sur votre affaire ? Vous rappelez-vous que vous étiez sur le point de vous impatienter, lorsque Natalia Vassilievna est entrée, comment au bout de dix minutes vous étiez déjà notre meilleur ami, comment vous l’êtes resté tout un an — tout à fait comme dans La Provinciale, la pièce de M. Tourgueneff…

Veltchaninov se promenait lentement, les yeux à terre, écoutait avec impatience, avec répugnance, mais écoutait attentivement.

— Je n’ai jamais songé à La Provinciale, interrompit-il, et jamais il ne vous est arrivé jadis de parler de cette voix de fausset, dans ce style qui n’est pas le vôtre. À quoi bon tout cela ?

— C’est vrai, jadis je me taisais davantage, et je parlais moins, reprit vivement Pavel Pavlovitch. Vous savez, jadis je préférais écouter, quand la défunte parlait. Vous vous rappelez comme elle causait, avec quel esprit… Pour ce qui est de La Provinciale, et en particulier de Stoupendiev, vous avez raison : c’est nous, la chère défunte et moi, qui souvent, en songeant à vous, une fois que vous fûtes parti,