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ninov ou sa justification. Mais l’homme restait assis auprès de la table, immobile, obstinément silencieux. Le bruit ne cessait pas, l’irritation grandissait ; tout à coup, Veltchaninov, exaspéré par le silence de l’homme, le frappa : et aussitôt il ressentit un apaisement étrange. Son cœur, serré par la terreur et la souffrance, se remit à battre paisiblement. Une sorte de rage le prit, il frappa un second coup, puis un troisième, puis, comme grisé de fureur et de peur, dans une ivresse qui allait jusqu’à l’égarement, il frappa, s’apaisant à mesure, il frappa sans compter, sans s’arrêter. Il voulait anéantir tout, tout cela. Soudain, il arriva ceci : tous poussèrent un cri d’effroi et se ruèrent vers la porte, et au même instant trois coups de sonnette vigoureux se firent entendre si forts qu’il semblait que l’on voulût arracher la sonnette. Veltchaninov s’éveilla, ouvrit les yeux, sauta à bas de son lit, courut à la porte, il était certain que les coups de sonnette étaient réels, qu’il ne les avait pas rêvés, que quelqu’un était là qui voulait entrer. « Ce serait trop étrange, qu’un bruit si net, si réel, ne fût qu’un rêve ! »

À sa grande surprise, l’appel de la sonnette n’était qu’un rêve. Il ouvrit la porte, sortit sur