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jeune fille ainsi placée chez un garçon qui, pour rien au monde, n’aurait voulu mentir à sa qualité de gentleman, la rougeur montait aux joues de Veltchaninov. Il n’avait jamais eu lieu pourtant que d’être satisfait de cette Parlaguéia. Elle était entrée chez lui au moment où il avait loué son appartement, c’est-à-dire au printemps, sortant de chez une fille qui allait habiter l’étranger. Parlaguéia était très soigneuse et eut bientôt mis de l’ordre dans tout ce qui lui était confié. Veltchaninov, après le départ de la jeune fille, ne voulut plus reprendre la femme comme domestique. « Ce n’était guère la peine de prendre, pour si peu de temps, un valet… » D’ailleurs, il détestait la valetaille. Il fut donc décidé que les chambres seraient rangées chaque matin par la sœur de la concierge, Mavra, à laquelle il laissait en sortant la clef de la porte qui donnait sur la cour. En réalité, Mavra ne faisait rien, touchait son salaire et probablement volait. Tout cela lui était devenu indifférent, et il était même bien aise que la maison demeurât vide.

Mais pourtant ses nerfs se révoltaient parfois, aux heures d’agacement, devant toute cette « saleté », et il lui arrivait très souvent,