Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée

sur le compte de sa femme, c’était inadmissible ; Pavel Pavlovitch s’assombrit ; Veltchaninov s’en aperçut. Cependant on venait de sonner le second coup de cloche : une petite voix perçante sortit d’un wagon, appelant impatiemment Pavel Pavlovitch. Celui-ci s’agita sur place mais ne se rendit pas encore à l’appel : il était clair qu’il attendait encore quelque chose de Veltchaninov ; sans aucun doute, une nouvelle promesse de ne pas venir.

— De quelle famille est votre femme ? demanda Veltchaninov, comme s’il ne s’apercevait pas de l’inquiétude de Pavel Pavlovitch.

— C’est la fille de notre pope, répondit l’autre en regardant d’un œil inquiet vers son wagon.

— Oui, je vois bien, c’est pour sa beauté que vous l’avez épousée.

Pavel Pavlovitch s’assombrit de nouveau.

— Et qu’est-ce donc que ce Mitinka ?

— C’est un parent éloigné, de mon côté, le fils d’une cousine germaine qui est morte. Il s’appelle Goloubtchikov. On l’a chassé du service à cause d’une histoire ; il vient d’y rentrer ; c’est nous qui l’avons équipé… C’est un pauvre jeune homme qui n’a pas eu de chance…

« C’est bien cela, tout à fait cela ; tout y est, songea Veltchaninov. »