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piada Semenovna haussa les épaules et leva les yeux au ciel. Enfin on se sépara : ce fut encore des remerciements, de nouveau « l’ange gardien », « le sauveur », de nouveau « Mitinka », puis Pavel Pavlovitch reconduisit sa femme et le uhlan à leur wagon. Veltchaninov alluma un cigare, et se promena de long en large sur le quai en attendant le départ ; il pensait bien que Pavel Pavlovitch allait revenir pour causer jusqu’au dernier appel. C’est ce qui arriva. Pavel Pavlovitch se dressa devant lui, les yeux, la physionomie tout entière pleine de questions anxieuses. Veltchaninov sourit, lui prit amicalement le bras, l’entraîna jusqu’à un banc voisin, s’assit, et le fit asseoir près de lui. Il ne dit rien ; il voulait que Pavel Pavlovitch commençât.

— Alors, vous viendrez chez nous ? demanda-t-il tout à coup, allant droit à la question.

— J’en étais sûr ! Ah ! vous êtes toujours le même ! fit Veltchaninov en riant. Voyons, — continua-t-il en lui tapant sur l’épaule, — avez-vous pu croire un seul instant que j’irais en effet vous demander l’hospitalité, et pour un mois entier ? Ha ! ha !

Pavel Pavlovitch était rayonnant de joie.

— Alors, vous ne viendrez pas ! s’écria-t-il.