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XVII. L’Éternel Mari


Deux ans après, par une belle journée d’été, M. Veltchaninov se trouvait en wagon, allant à Odessa, pour rendre visite à un ami ; il espérait, d’ailleurs, que cet ami le présenterait à une femme tout à fait intéressante, que depuis longtemps il désirait connaître de plus près. Il s’était très fortement modifié, ou, pour mieux dire, il avait infiniment gagné au cours de ces deux années. Il ne lui restait presque rien de son ancienne hypocondrie.

De tous les « souvenirs » qui l’avaient torturé deux ans auparavant, à Pétersbourg, durant son interminable procès, il ne lui restait plus qu’un peu de confusion, lorsqu’il songeait à cette période d’impuissance et de pusillanimité maladive. Il se consolait en disant que cet état ne se reproduirait plus, et que personne jamais n’en saurait rien.

Sans doute, à cette époque, il avait complètement rompu avec le monde, s’était négligé,