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avez eu une peur terrible, au moins à ce qu’il m’a semblé…

— Vous êtes un imbécile ! cria Veltchaninov hors de lui ; et il se tourna vers le mur.

— C’est bon, n’en parlons plus ! fit Pavel Pavlovitch.

À peine le malade se fut-il étendu qu’il s’endormit. Après la surexcitation factice qui l’avait tenu debout toute cette journée et dans ces derniers temps, il restait faible comme un enfant. Mais le mal reprit le dessus et vainquit la fatigue et le sommeil : au bout d’une heure, Veltchaninov se réveilla et se dressa sur le divan avec des gémissements de douleur. L’orage avait cessé ; la chambre était pleine de fumée de tabac, la bouteille était vide sur la table, et Pavel Pavlovitch dormait sur l’autre divan. Il s’était couché tout de son long ; il avait gardé ses vêtements et ses bottes. Son lorgnon avait glissé de sa poche et pendait au bout du fil de soie, presque au ras du plancher. Son chapeau avait roulé à terre, non loin de lui.

Veltchaninov le regarda avec humeur et ne l’éveilla pas. Il se leva et marcha par la chambre : il n’avait plus la force de rester couché ; il gémissait et songeait à sa maladie avec angoisse.