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lin, à huit ans, ils m’ont pris chez eux et, plus tard, ils m’ont mis au lycée. Le père est un brave homme, je vous prie de le croire.

— Je le sais bien.

— Oui ; seulement il vieillit, il retarde. D’ailleurs très brave homme. Il y a longtemps que je me suis affranchi de sa tutelle, pour gagner moi-même ma vie, et ne rien devoir qu’à moi.

— Depuis quand ? demanda curieusement Veltchaninov.

— Il y aura bientôt quatre mois.

— Oh ! à présent, tout devient clair : vous êtes des amis d’enfance !… Et avez-vous une place ?

— Oui, une place provisoire, chez un notaire : vingt-cinq roubles par mois. Mais il faut vous dire que je ne gagnais pas même cela lorsque j’ai fait ma demande. J’étais alors au chemin de fer, où l’on me donnait dix roubles. Mais tout cela est provisoire.

— Alors, vous avez fait votre demande à la famille.

— Oui, dans toutes les formes, il y a longtemps, il y a bien trois semaines.

— Et qu’ont-ils dit ?

— Le père a commencé par rire aux éclats, puis s’est fâché tout rouge. On a enfermé Nadéjda