Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

naissais votre expression, Alexis Ivanovitch ; cela remonte à l’époque où nous avons vécu ensemble à T… J’ai retenu beaucoup de ces mots dont vous aimiez à vous servir au cours de cette année-là. L’autre fois, quand vous avez parlé ici d’« éternel mari », j’ai très bien compris.

Mavra entra, portant une bouteille de champagne et deux verres.

— Pardonnez-moi, Alexis Ivanovitch ! vous savez que je ne puis m’en passer. Ne vous fâchez pas si je me suis permis… Voyez-vous, je suis très au-dessous de vous, très indigne de vous.

— C’est bon ! fit Veltchaninov avec dégoût ; mais je vous assure que je me sens très souffrant.

— Oh ! ce ne sera pas long… l’affaire d’une minute ! répondit l’autre avec empressement, rien qu’un verre, un tout petit verre, parce que j’ai la gorge…

Il vida son verre d’un trait, gloutonnement, et se rassit ; et il considéra Veltchaninov avec une sorte de tendresse. Mavra sortit.

— Quel dégoût ! murmura Veltchaninov.

— Voyez-vous, c’est la faute de ses amies,