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petits yeux brillaient et étincelaient. La figure de Katerina Fédoséievna était si rayonnante que Veltchaninov la trouva presque jolie.

— Voilà une belle romance ! murmura le vieux Zakhlébinine avec un peu d’embarras. Mais… n’est-ce pas trop violent ? C’est beau, mais violent…

— C’est violent…, voulut dire à son tour sa femme.

Mais Pavel Pavlovitch ne lui laissa pas le temps d’achever, il bondit en avant, comme un fou, prit Nadia par le bras et la repoussa loin de Veltchaninov, se campa devant celui-ci, le regarda d’un œil éperdu, les lèvres tremblantes.

— Une petite minute, je vous prie, put-il dire enfin.

Veltchaninov comprit aussitôt que, s’il tardait le moins du monde, ce personnage en viendrait à des démarches dix fois plus absurdes ; il le saisit par le bras, et, sans prendre garde à la surprise de tous, il l’emmena sur la terrasse, descendit avec lui au jardin, où déjà il faisait presque nuit.

— Comprenez-vous qu’il faut à l’instant même partir avec moi ? dit Pavel Pavlovitch.

— Mais je ne comprends pas du tout…