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— Évidemment non ; comment avez-vous pu même y songer ? dit Nadia, en souriant, et toute rougissante. Ce n’est que son ami. Mais comme il choisit ses amis ! Je n’y comprends rien : ils disent tous que celui-ci est « un homme d’avenir » ; moi, je n’y comprends rien du tout…

Alexis Ivanovitch, vous êtes le seul homme à qui je puisse m’adresser ; voyons votre dernier mot : le lui rendrez-vous, oui ou non ?

— Eh bien ! oui, je le lui rendrai ; donnez-le-moi.

— Ah ! vous êtes gentil, vous êtes bon ! s’écria-t-elle, rayonnante de joie, en lui tendant l’écrin. Je chanterai pour vous toute la soirée : car, vous savez, je chante très bien, et je vous ai menti quand j’ai dit que je n’aimais pas la musique. Ah ! si vous reveniez une autre fois, comme je serais contente ! Je vous raconterais tout, tout, tout, et je vous dirais encore beaucoup de choses, car vous êtes si bon, si bon !… bon comme… comme Katia !

En effet, lorsqu’on fut rentré pour le thé, elle lui chanta deux romances, d’une voix encore peu formée, mais agréable et déjà forte. Pavel Pavlovitch était assis avec les parents auprès de la table à thé, sur laquelle on avait disposé un service de vieux sèvres, et où bouillait déjà