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aise. Veltchaninov faisait aussi bon ménage que possible avec Nadia ; elle ne le regardait plus en dessous, comme tout à l’heure, elle riait avec lui, sautait, bavardait, et deux fois lui prit la main ; elle était absolument heureuse, et ne faisait pas plus d’attention à Pavel Pavlovitch que s’il n’eût pas été là. Veltchaninov était certain, à présent, qu’il y avait un complot organisé contre Pavel Pavlovitch. Nadia, avec une troupe de jeunes filles, avait attiré Veltchaninov d’un côté ; une autre bande d’amies, sous divers prétextes, entraînait Pavel Pavlovitch dans un autre coin ; mais celui-ci s’arrachait à elles, courait droit au groupe où se trouvaient Nadia et Veltchaninov, et avançait sa tête chauve et inquiète pour écouter ce qui se disait. Bientôt, il n’y mit même plus de décence, et ses gestes et son agitation étaient parfois d’une naïveté prodigieuse.

Veltchaninov ne put s’empêcher d’observer attentivement Katerina Fédoséievna. Elle voyait maintenant, à n’en pas douter, qu’il n’était pas venu pour elle, et qu’il s’intéressait très fort à Nadia ; mais son visage restait aussi doux et aussi calme qu’auparavant. Elle était, semblait-il, tout heureuse d’être auprès d’eux et d’entendre ce que disait le nouvel